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Libération

Algérie: l'accusateur devient l'accusé

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Ayant dénoncé les exactions de miliciens, Smaïn a été condamné à un an de prison.
publié le 26 février 2002 à 22h24

Son courage aurait pu être salué. Comment oser dénoncer l'exhumation de charniers par la gendarmerie et la milice du maire dans un village reculé de l'Algérie, régi comme beaucoup d'autres par un élu du RND, le parti au pouvoir, et ses miliciens, et donc par la loi des armes? Pour s'y être risqué, Mohamed Smaïn, un militant des droits de l'homme, a été condamné, dimanche en appel, par le tribunal de Relizane, à un an de prison ferme pour «diffamation et dénonciation calomnieuse» de neuf miliciens.

Exemplaire du climat d'impunité qui prévaut en Algérie, ce procès des charniers renvoie aux années les plus noires de la «sale guerre» et aux exactions commises par les miliciens, ces civils armés par les autorités pour défendre leurs villages contre les «terroristes». Au fil des années, certains se sont transformés en petits seigneurs de la guerre, dont les dérives avaient peu à envier aux atrocités des islamistes.

«Ere de terreur». Relizane et Jdioua, deux petites villes à l'ouest du pays, en ont fait la douloureuse expérience entre 1994 et 1998. Leurs maires, El Hadj Ferguène et El Hadj el-Abed, dirigent une milice que la population nomme «les cagoulés». Ces derniers enlèvent, extorquent des fonds et mènent des expéditions punitives contre les familles considérées proches du FIS ou des groupes armés. En avril 1998, des quotidiens font état de l'arrestation de Ferguène et de ses hommes qui seront libérés trois jours après... Ils sont, affirme Liberté, suspectés d'avoir instauré «un