Bogota correspondance
La province du Caguan, reprise à la guérilla par l'armée colombienne, est pratiquement isolée du reste du pays. Après la rupture des négociations la semaine dernière, les Forces armées révolutionnaires de Colombie (Farc) se sont repliées dans la forêt, où elles retiennent la can didate à la présidence Ingrid Betancourt, enlevée samedi. Daniel Garcia Peña, qui a négocié avec les Farc pour le compte du gouvernement de 1995 à 1998 avant de fonder l'association pro-dialogue Planeta Paz, analyse les conséquences de la rupture du processus de paix.
Quelle ampleur risque de prendre le conflit?
Je suis très pessimiste. Beaucoup pensaient que le conflit, qui continuait pendant les négociations, avait déjà touché le fond. Malheureusement, la guerre nous réserve beaucoup plus de destructions et de morts encore. Ces trois derniè res années, la guérilla, ses ennemis paramilitaires et l'armée ont renforcé leurs capacités militaires comme jamais auparavant. La sale guerre risque de s'accentuer, et les civils vont continuer d'y payer un lourd tribut: il est difficile de capturer Manuel Marulanda, le chef des Farc, mais beaucoup plus fa cile d'assassiner des syndicalistes, des défenseurs des droits de l'homme, des professeurs d'université...
A qui en attribuez-vous la responsabilité?
Le gouvernement d'Andrés Pastrana a improvisé: il n'a jamais fixé de stratégie ni avancé de propositions claires de réforme, il a changé d'équipe de négociateurs... Les Farc ont, pour leur part,