Député palestinien, citoyen israélien, Azmi Bishara assume sans complexe cette dualité. Elu à la Knesset pour le parti Balad, il représente au Parlement de l'Etat d'Israël les 20 % de sa population d'origine arabe. «Car nous prenons très au sérieux la bataille pour l'égalité des droits.» Au point de revendiquer toutes les garanties démocratiques offertes par cette citoyenneté, jusque dans l'expression de sa solidarité avec la résistance palestinienne ou libanaise. Déclarations qui lui valent de comparaître aujourd'hui devant une cour de justice, à Jérusalem-Ouest, pour «avoir verbalement loué et encouragé la violence pouvant entraîner des blessures ou la mort», précise l'acte d'inculpation. Crime impardonnable pour la très grande majorité des Israéliens, Bishara a justifié les opérations du Hezbollah contre Tsahal. Il est aussi accusé d'avoir organisé, sans autorisation préalable, une visite en Syrie, pays en guerre avec Israël.
Levée d'immunité. Un procès exceptionnel. Depuis sa création, jamais l'Etat hébreu n'avait poursuivi l'un de ses députés pour des prises de positions politiques. Afin de déférer Bishara devant les juges, la Knesset, qui compte 12 élus arabes pour 120 parlementaires, a dû voter, le 7 novembre dernier, la levée de son immunité. «Une tentative claire d'intimidation», estime l'inculpé lors d'un entretien à Libération. «Je suis poursuivi pour avoir déclaré légitime la résistance à l'occupation israélienne, que ce soit aujourd'hui, à Gaza et en Cisjordanie,