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Libération

L'humanitaire vire au sordide en Afrique

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Des personnels d'ONG soupçonnés d'abus sexuels sur des mineures.
publié le 28 février 2002 à 22h25

Genève de notre correspondant

Après le scandale d'un réseau criminel qui avait infiltré le bureau du Haut-Commissariat des Nations unies aux réfugiés (HCR) au Kenya, une nouvelle affaire secoue le monde humanitaire. Un grand nombre d'enfants auraient été victimes d'abus sexuels perpétrés par des humanitaires, aussi bien par le personnel local qu'international ainsi que par des Casques bleus en Sierra Leone, au Liberia et en Guinée. C'est ce que vient de révéler une mission d'évaluation, dont le premier rapport est publié conjointement par le HCR et l'organisation britannique Save the Children Fund. L'ONU vient d'envoyer une équipe d'enquêteurs pour vérifier les graves allégations basées sur les témoignages de quelque 1500 personnes, essentiellement des enfants. A ce jour, 67 personnes travaillant pour 40 organisations humanitaires sont soupçonnées d'abus sexuels sur des filles, âgées pour la plupart de 13 à 18 ans.

Rapports sexuels. Les témoignages des adolescentes contenues dans le rapport sont particulièrement frappants. Ainsi, une jeune Libérienne affirme que «les humanitaires monnayaient la nourriture pour obtenir des rapports sexuels». «Vous ne recevez pas d'aide si vous n'offrez pas une femme, une soeur ou une fille aux travailleurs humanitaires», confirme un réfugié sierra-léonais. Chaque parcelle de pouvoir pouvait servir à faire pression sur les réfugiées. Un employé humanitaire basé en Sierra Leone confie à l'équipe d'évaluation: «Aucune fille dans ce camp ne peut ob