L'«axe du mal» (Iran, Irak et Corée du Nord), dénoncé par le président Bush dans son message sur l'état de l'Union, n'a pas fini de faire des vagues en Europe. La formule a notamment été qualifiée de «simpliste» par Hubert Védrine et dénoncée par Chris Patten, le commissaire européen (et britannique) chargé des Affaires étrangères. En réponse au chef de la diplomatie française, Colin Powell, le secrétaire d'Etat américain, a suggéré que ce dernier devait souffrir de «vapeurs». Hubert Védrine persiste et signe; il explique ci-dessous les raisons de son inquiétude face à l'unilatéralisme américain, alors que Jacques Chirac a nié hier toute divergence avec Washington en matière de lutte contre le terrorisme (lire encadré).
Quelles sont les raisons de l'actuelle tension diplomatique avec les Etats-Unis?
Il s'agit d'un débat entre les Etats-Unis et l'Europe, non d'une tension entre les Etats-Unis et la France. Mais ce qui pourrait apparaître comme une polémique conjoncturelle est en réalité un débat de fond. Il y a une réelle perplexité européenne face à une administration américaine qui, en un peu plus d'un an, s'est opposée au Protocole de Kyoto [traité visant à limiter les émissions de gaz à effet de serre ndlr], à la Cour pénale internationale, à plusieurs accords sur le désarmement et abuse des veto au Conseil de sécurité dès qu'il est question du Proche-Orient. Après le 11 septembre, beaucoup de pays européens ont fait des offres de service, soit directement, soit indirecteme