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Libération

Colombie: la guérilla reprend le maquis

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L'armée tente de réinvestir la zone rebelle après la rupture du dialogue.
publié le 2 mars 2002 à 22h28

San Vicente del Caguan envoyé spécial

Les hélicoptères de l'armée surgissent dans un bruit assourdissant, à peine à dix mètres au-dessus d'Eduardo. «Nous payons le prix de la décision du Président», lâche le commerçant, résigné. Les vols de l'armée sont désormais le seul lien qui relie l'ex-zone rebelle au reste du pays. Isolée par les attentats de la guérilla des Forces armées révolutionnaires de Colombie (Farc, marxistes) et les combats, privée d'électricité, d'eau et de téléphone, la population du Caguan vit ses pires moments depuis que le chef de l'Etat, Andrés Pastrana, a décidé de rompre les négociations. La région, grande comme la Suisse, avait été abandonnée par l'armée aux Farc il y a trois ans pour que les pourparlers de paix puissent s'y tenir. Pastrana y a mis fin en une phrase, il y a dix jours: «J'ordonne à l'armée d'entrer dans la zone, ce soir à minuit.»

Bombardements. Quelques heures plus tard, la majorité des plus de 100 000 habitants de la zone était réveillée par le bruit des bombardements aériens. «C'est pareil toutes les nuits, le bruit des avions me fait sortir en courant», raconte une commerçante de Los Pozos, la bourgade poussiéreuse où les négociateurs du gouvernement se réunissaient pacifiquement, il y a encore moins d'un mois, avec les rebelles des Farc. «Nous sortons tous avec des bougies, pour montrer que nous sommes civils», raconte-t-elle. Ces précautions n'ont servi à rien à Ruby, un lieu-dit perdu à sept heures de route. Là, le 21 février, les