Camp de Balata
envoyée spéciale
Du rez-de-chaussée de la maison d'Abbas Djamal Moustapha, on aperçoit en enfilade les intérieurs d'au moins quatre autres habitations. Pour éviter d'emprunter les venelles tortueuses du camp de réfugiés de Balata, surveillées par les combattants palestiniens, les soldats israéliens sont allés au plus simple: à l'aide de pains de plastic et à coups de masses, ils ont fait sauter jeudi les murs des maisons, pour passer de l'une à l'autre d'un simple bond. Toutes les habitations n'ont pas subi le même sort, mais plus d'une dizaine ont été éventrées de la sorte dans la partie ouest du camp, où l'armée pensait trouver hommes et infrastructures terroristes.
De toute évidence, le bilan a été maigre. La plupart des Palestiniens recherchés sont parvenus à s'enfuir avant l'invasion du camp. Abbas Djamal Moustapha raconte que les soldats ont enfermé deux de ses fils dans une pièce et les ont frappés avant de les relâcher. «Ils nous ont demandé de partir. Mais nous n'avons nulle part où aller, nous préférons encore rester dans notre maison, c'est tout ce que nous possédons», dit le vieux, la tête coiffée d'un keffieh.
Mise à sac. Sa famille, qui compte quarante personnes, dont une bonne quinzaine d'enfants, a été impuissante à défendre son bien. Les soldats sont restés plusieurs heures, saccageant tout sur leur passage. Les vitres ont été brisées, les meubles retournés, les matelas éventrés. Le sol n'est plus qu'un magma de gravats, de vêtements et de fruits