Menu
Libération

Le désarroi des pacifistes à Jérusalem

Article réservé aux abonnés
L'attentat-suicide à Mea Sharim a éclipsé le défilé pour la paix.
publié le 4 mars 2002 à 22h28

Jérusalem de notre correspondante

Dans Jérusalem en colère, ils se repèrent à leur visage triste, à la bougie faiblarde qu'ils tentent de maintenir allumée entre leurs mains. Neuf Israéliens viennent tout juste d'être déchiquetés par une bombe palestinienne à quelques centaines de mètres de là, dans le quartier ultra-orthodoxe de Mea Shearim, et pourtant les militants de la Coalition pour la paix ont décidé de maintenir la manifestation de protestation, prévue samedi soir à Jérusalem devant la résidence d'Ariel Sharon. Certains brandissent des pancartes en forme d'avis de décès sur lesquelles, pour la première fois, sont associés les morts palestiniens et israéliens. «Nous pleurons la mort de 1 124 Israéliens et Palestiniens», ont-ils écrit, sachant bien que ce chiffre serait très vite dépassé.

Sécurité impressionnante. Dans la rue King-George, des passants hurlent, scandalisés que des Israéliens manifestent pour la paix alors que le sang de neuf des leurs n'a pas encore séché sur une chaussée de la ville sainte. Quelques voitures tentent même de foncer sur la petite foule, vite dissuadées par un impressionnant dispositif de sécurité. Arrivés devant la maison du Premier ministre, ils se serrent les uns contre les autres, le regard absent, écoutant d'une oreille distraite des orateurs qui clament ce qu'ils savent déjà. «Sharon, pourquoi as-tu envoyé l'armée à Balata?» (ce camp de réfugiés palestiniens envahi jeudi par Tsahal, avec celui de Jénine, au prix de nombreux morts, ndl