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Avortement: Dublin toujours plus dur

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En Irlande, un référendum vise à rendre immuable l'interdiction de l'IVG.
publié le 6 mars 2002 à 22h30

Dublin envoyé spécial

Tassés dans un hall d'hôtel, ils scandent à l'unisson comme un choeur d'église: «Avorteurs meurtriers!» Organisés en commando, sac au dos, chaussures de sport et pancarte individuelle, ils tentent de s'inviter à un meeting du Fine Gael, le parti de l'opposition libérale. Des gros bras les en empêchent. Leurs cris redoublent chaque fois que la porte s'entrouvre : «Tueurs de bébés!». Appelés à la rescousse, les hommes de la Garda, la police irlandaise, finissent par les mettre dehors. Ce sont des croisés de la très chrétienne île verte. Malgré leur appartenance à la Youth Defense, un mouvement de jeunesse intégriste, ils commencent à accuser l'âge. Cela fait dix ans qu'ils se battent contre un fantôme. Avec le Portugal, l'Irlande est le dernier pays de l'Union européenne à bannir l'avortement. Un tabou inscrit dans la Constitution qu'aucune formation politique, même la plus à gauche, n'ose défier publiquement. Les Irlandais sont pourtant conviés aujourd'hui à un référendum pour rendre cet interdit encore plus immuable.

Menace de suicide. Le texte qui leur est soumis vise à refermer, une fois pour toutes, une minuscule brèche ouverte en 1992 par la justice. La Constitution protègeant à égalité la vie de la future mère et celle de l'enfant à naître, la Cour suprême s'était appuyée sur ce principe pour autoriser une mineure à interrompre sa grossesse. Violée par un voisin, la fillette de 13 ans, seulement désignée par la lettre X, voulait attenter à ses jours.