Menu
Libération

Autriche : procès d'une expulsion mortelle

Article réservé aux abonnés
Trois policiers comparaissent pour avoir provoqué la mort d'un Nigérian.
publié le 8 mars 2002 à 22h32

Vienne de notre correspondant

Cette semaine s'est ouvert le procès de trois policiers autrichiens, accusés de «tortures ayant entraîné la mort» sur la personne d'un Nigérian de 25 ans, Marcus Omofuma. Les faits remontent à trois ans déjà. Débouté du droit d'asile, le jeune homme avait refusé de monter dans l'avion qui devait le ramener dans son pays, via la Bulgarie. Alors qu'il se débattait violemment, les policiers l'avaient ligoté sur son siège. Comme ses cris menaçaient de troubler la tranquillité des autres passagers (un avion de ligne normal affrété par Balkan Airlines), ils lui avaient appliqué sur la bouche, et en partie sur le nez, un large ruban adhésif. «Au bout d'un moment, il nous a paru enfin calmé», diront par la suite les fonctionnaires. A l'arrivée à Sofia, après une heure de vol, Marcus Omofuma semblait avoir perdu connaissance. Il était mort.

Expertises. Les débats de cet important procès ­ une première dans l'Union européenne, alors que dix cas de ce genre ont été recensés depuis cinq ans dans les pays de l'espace Schengen ­ vont se concentrer sur deux questions. La première concerne la cause exacte du décès. Une première expertise, effectuée par un médecin bulgare, avait conclu à une «mort par asphyxie». Irritées, les autorités autrichiennes ont alors dépêché leur propre médecin légiste. Sa conclusion? Marcus Omofuma serait en fait décédé d'une «faiblesse cardiaque», doublée d'un rhume. A l'époque, l'affaire faillit d'ailleurs s'arrêter là, et les trois po