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Libération

Tunisie: la guerre des justices

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Le régime et ses opposants s'affrontent à coups de procès, jusqu'en France.
publié le 9 mars 2002 à 22h32

Comme il y eut la grande époque de la guerre des polices, voici venu le temps de la guerre des justices. Un épisode révélateur se joue autour de la Tunisie, où c'est désormais à coup de procédures en rafale, devant des juridictions et avec des méthodes différentes, que s'affrontent le régime et ses opposants.

En Tunisie, les autorités ont en effet peu à peu transformé les tribunaux en machine à faire taire toute contestation. Détournement courant dans les régimes autoritaires, il y est devenu massif: «L'année 2001 a vu une dégradation des libertés, caractérisée par la persécution des défenseurs des droits de l'homme et l'instrumentalisation de la justice à des fins politiques», souligne ainsi la FIDH (Fédération internationale des droits de l'homme), juste avant la session annuelle des Droits de l'homme à l'ONU.

Révocation. Le côté cour du régime est encore mieux éclairé par un rapport rendu public vendredi par Sihem Ben Sédrine, du Conseil national des libertés en Tunisie (CLNT, non reconnu). A travers la cinquantaine de procès d'opinion l'an dernier, le CNLT dissèque tortures, emprisonnements arbitraires ou obstruction à la défense. En juillet 2001, le juge Mokhtar Yahiaoui avait dénoncé cette mainmise sur le judiciaire: comme pour lui donner raison, le conseil de discipline l'a révoqué arbitrairement.

Mais, depuis quelques mois, certains dignitaires de ce même régime sont à leur tour l'objet de procédures lancées en toute légalité, cette fois, par des opposants en exil. Si l