Harare, Guruve envoyé spécial
Juliana s'apprête à glisser son bulletin dans l'urne. Encore une minute de patience, le temps d'encrer ses doigts pour éviter la fraude aux votes multiples, et elle en aura fini avec un marathon de... 30 heures. Il était 6 heures du matin lorsque cette secrétaire de 32 ans est arrivée, samedi, devant son bureau de vote à Kuadzana, une banlieue populaire à l'ouest de Harare. Un jour et demi plus tard, elle a enfin voté!
File d'attente. «J'ai dormi dehors avec des centaines d'autres, s'emporte Juliana. De toute façon, je passe ma vie à faire la queue: pour le mil, pour le sucre, l'huile, même pour le savon, on passe des jours à attendre. Alors, je peux bien perdre quelques heures pour changer de vie. Je n'en peux plus. Je travaille jour et nuit, et ma vie empire tous les jours.» La plupart de ses voisins dans la file d'attente approuvent bruyamment. Kuadzana, tout comme le reste de la capitale zimbabwéenne et la plupart des zones urbaines du pays, est acquise au Mouvement pour le changement démocratique (MDC), le parti de Morgan Tsvangirai, l'homme qui pourrait mettre fin aux vingt-deux ans de règne de Robert Mugabe, le président, héros de l'indépendance engagé dans une dérive autoritaire depuis quatre ans.
Hier matin, à 10 heures, ils étaient encore des milliers à faire la queue devant le principal bureau de Kuadzana, alors que seules 1 825 personnes avaient voté depuis l'ouverture du bureau, à 7 heures du matin, samedi. Certains ont amené une chais