C'est un grand sac de linge sale avec, tout autour, des mines chiffonnées de colère. S'estimant victimes d'amalgames, une dizaine d'ONG françaises ont en effet voulu protester hier dans une conférence commune contre ce qu'Henri Rouillé d'Orfeuil, de Coordination Sud, appelle «une campagne». La semaine dernière, un rapport du HCR (Haut Commissariat aux réfugiés de l'ONU) a mis en cause 67 personnes de 40 organisations humanitaires différentes qui auraient profité de leur autorité dans des camps de réfugiés d'Afrique de l'Ouest pour obtenir des rapports sexuels avec des mineures. Alors que ce déballage-là ne faisait que commencer, Sylvie Brunel, présidente démissionnaire d'Action contre la faim (ACF) pointait un autre type de «dérives» selon elle: le «business» de l'humanitaire «au nom duquel, aujourd'hui, on fait n'importe quoi» (Libération du 7 mars).
Pêle-mêle. «Nos salaires? Certainement moins que ceux des journalistes», lance hier un responsable (bénévole). Rires humanitaires. «Quand je pense que certains d'entre nous risquent leur vie sur le terrain», s'indigne mezzo voce un jeune associatif (2000 euros net par mois). Pêle-mêle, tout se mélange, l'héroïsme et la géopolitique, l'argent et le coeur, l'aventure et les abus de pouvoirs dans une sorte de confusion qui est aussi, sans doute, une des réalités de l'humanitaire.
Au niveau de la gestion et de la transparence dans les ONG, «tout n'est pas parfait. Mais nous ne sommes pas des coupeurs de têtes», explique Daniel Brunea