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Libération

Du nucléaire limité contre l'«axe du mal»

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publié le 12 mars 2002 à 22h34

Le Pentagone est-il en train de se préparer à changer radicalement de doctrine en matière nucléaire? La fuite, dans le Los Angeles Times de samedi, d'un document confidentiel du département de la Défense peut le laisser supposer. Dans ce document destiné au Congrès, qui dessine ce que pourraient être les armements dans dix ans, le Pentagone suggère de se doter d'armes nucléaires offensives, de rayon limité, qui pourraient être utilisées non seulement contre la Chine ou la Russie, mais aussi contre les pays de «l'axe du mal» (l'Irak, l'Iran, la Corée du Nord) ou encore contre la Libye et la Syrie. Hier, Moscou et Pékin ont demandé des «clarifications» sur ce document, qui n'a pas manqué d'émouvoir diplomates et stratèges militaires du monde entier. Les grandes puissances considéraient jusque-là que l'arme nucléaire ne devait jamais servir: elle n'est légitime que dans son rôle de dissuasion. Le document suggère donc un vrai changement de doctrine. Ces armes, indique-t-il, auraient des retombées nucléaires limitées et seraient utilisées dans des cas bien précis: destruction de bunkers profondément enfouis , réponse à des attaques chimiques ou biologiques... Dès samedi, le Pentagone a dénoncé les «fuites sélectives et trompeuses». Interrogé par la presse hier à Londres, le vice-président Dick Cheney a minimisé l'affaire: «Il ne s'agit que d'un rapport habituel adressé au Congrès. En déduire que nous préparons des attaques nucléaires préalables contre sept pays est un peu exagér