Londres
de notre correspondant
La télévision s'appelle «Liberté». Sur l'un des écrans de contrôle, un Saddam Hussein, couleur kaki, défile en accéléré. Une rétrospective du dictateur irakien et de son règne implacable se prépare. Presque un quart de siècle d'attente et de déception pour tous ces journalistes en exil. «Après chaque guerre, j'ai cru qu'il allait être renversé. Il est toujours là.» Réfugié à Londres depuis 1977, Qassem n'a pas perdu espoir: «Nous allons bientôt rentrer. Je sens que cette année sera la bonne!» Dopés par les discours musclés de Bush Junior contre «l'axe du mal», les adversaires de Saddam Hussein relèvent la tête. Le Congrès national irakien (CNI), qui regroupe plusieurs partis d'opposition, ne mène pour l'instant qu'une offensive médiatique à partir de ses bureaux ultramodernes de l'Ouest londonien. Sa chaîne satellitaire diffuse depuis septembre trois heures de programme par jour et prévoit d'émettre en continu d'ici à mai. Son journal, al-Mu'tamar, circulerait sous le manteau «jusqu'à Bagdad», affirme l'un de ses rédacteurs.
Liens troubles. Tous constatent un ton neuf à Washington. Les autorités américaines ont menacé Saddam à plusieurs reprises. Mais c'est la première fois qu'elles appellent à «changer de régime». «Jamais l'administration Clinton n'avait employé ces termes», souligne un opposant qui, comme beaucoup, préfère conserver l'anonymat. Pendant onze ans, les Etats-Unis ont isolé l'Irak et attendu une révolution de palais. «Leur politique