Harare envoyé spécial
Le camarade Bob est de retour. A 78 ans, le dictateur, donné sur le départ il y a encore peu, a réussi, par un mélange de violence et de démagogie, à s'assurer un cinquième mandat à la tête du Zimbabwe qu'il dirige de façon ininterrompue depuis l'indépendance en 1980. Pendant toute la campagne électorale, on l'a vu, le poing levé, haranguer les foules, leur promettre que «jamais le Zimbabwe ne redeviendra une colonie, même si nous devons manger des racines». Jour après jour, il a fustigé la Grande-Bretagne, l'ancienne puissance coloniale, l'accusant de chercher à le renverser en soutenant son rival Morgan Tsvangirai. La famine qui menace le pays, l'inflation à trois chiffres, le chaos économique et même la brûlante question du partage de la terre sont passés au second plan d'une campagne que Mugabe a habilement focalisée sur la question raciale et la personne de Tony Blair, son épouvantail préféré, le chef d'un «gay's gang» (bande d'homosexuels). Nationalisme exacerbé, panafricanisme xénophobe, populisme et homophobie, violence et tricherie : Mugabe n'a reculé devant rien pour conserver le pouvoir qu'il considère comme son bien personnel.
Intellectuel. Pourtant, derrière l'histrion autocratique de ces dernières années se cache l'un des derniers géants africains, le père de l'indépendance zimbabwéenne. Ce qui explique sans doute sa haine à l'égard du «blanc-bec» Tony Blair qui se permet de lui donner des leçons de démocratie. Doté d'une intelligence tactiq