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Libération

«Il n'y avait ni nourriture ni espoir en Corée du Nord»

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Témoignage des réfugiés qui risquent leur vie si Pékin les renvoie dans leur pays.
publié le 15 mars 2002 à 22h36

Pékin de notre correspondant

«Je sais qu'il y a des risques, mais, même si je dois mourir, je ne changerai pas d'avis»: mercredi soir, dans l'arrière-salle d'un restaurant de Pékin, Lee Il, un ouvrier nord-coréen de 49 ans, se prépare à occuper l'ambassade d'Espagne en Chine, une opération qui, si elle échouait, risquerait de le faire tomber entre les mains de la police chinoise, et, sans doute, de le renvoyer en Corée du Nord. «Si nous sommes rapatriés en Corée du Nord, nous serons tués. C'est pour cela que nous sommes prêts à mener cette action, même si elle doit entraîner notre mort.»

Tout autour de lui, des hommes, des femmes et des enfants qui ont tous fui un régime dictatorial, la faim et la peur, pour trouver en Chine un refuge précaire, à la merci d'une rafle ou d'une dénonciation. La plupart ont déjà été arrêtés, renvoyés une ou deux fois en Corée du Nord. Ils ont connu les tabassages, les camps de rééducation. Et se sont de nouveau enfuis. Ils n'ont plus rien à perdre. Certains se disent porteurs de poison pour se suicider plutôt que de devoir affronter un retour dans leur pays. Entouré de sa femme et de ses trois enfants, Lee Il ne sait pas grand-chose des Européens qu'il interpelle par son geste. «Tout ce que nous savons de l'Europe c'est que notre ancien leader est allé en Russie... Mais nous avons espoir. Ils doivent nous aider à aller en Corée du Sud, qui fait partie de notre patrie, où nous serons libres.»

Discrimination. Lee Il est arrivé en Chine avec sa femme