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Libération

«Le refus de plier, c'est tout ce qui nous reste»

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Reportage à Ramallah alors que les Israéliens amorcent leur retrait.
publié le 15 mars 2002 à 22h36

Ramallah envoyé spécial

Leur voile flottant au vent, les sacs chargés de provisions, Joaina, Dina et Samira filent prestement entre les oliviers. Elles enjambent un muret, traversent un jardin, se coulent dans une porte cochère, évitant soigneusement les rues et leurs trottoirs, pièges mortels parcourus par les rafales. Dans Ramallah en état de siège, chaque perspective ouverte, tout croisement dégagé ont été transformés en champ de tir. Les chars israéliens tiennent carrefours et avenues sous le feu de leurs mitrailleuses. Des soldats, équipés de fusils de haute précision, occupent désormais les plus hauts des immeubles qui surplombent la ville et dissuadent tout mouvement, de peur que les partisans de la résistance palestinienne se mêlent aux passants. Au troisième jour de l'invasion, les hommes restent toujours terrés dans leur logement. Toutefois, quelques fem mes intrépides profitaient hier de la relative accalmie du matin pour ravitailler leur famille. Voisines, Joaina, Dina et Samira ont décidé de joindre leur courage pour sprinter chez l'épicier le plus proche. «Nous ne pensions pas que les Israéliens resteraient si longtemps, soupirent-elles, nous avons épuisé nos réserves.»

Ravitaillement. Dans une allée tranquille d'un quartier résidentiel, les échoppes semblent closes. Un discret grattement sur le store baissé et une lourde porte s'entrouvre. A l'intérieur de la supérette, une trentaine de femmes remplissent leur cabas. Pâtes, huile, sauce tomate, chips, cacahouète