Pékin de notre correspondant
Le groupe de 25 hommes, femmes et enfants, portant des casquettes de base-ball estampillées «Beijing» comme tout bon touriste, avance négligemment sur le trottoir de l'ambassade d'Espagne, hier matin à Pékin. Arrivés devant la grille grande ouverte, deux hommes se mettent à courir vers l'entrée, attirant vers eux l'unique policier chinois de faction qu'ils maîtrisent pendant que tout le reste de la petite troupe pénètre en territoire diplomatique. Une brève échauffourée et les deux hommes se séparent du policier hébété et pénètrent à leur tour dans le bâtiment. Non sans faire le «V» de la victoire avant de disparaître à l'intérieur de l'ambassade, où les diplomates espagnols se demandent ce qui leur tombe dessus...
Crise. La scène a duré moins d'une minute, le temps qu'il a fallu à ces 25 réfugiés nord-coréens en quête d'asile politique pour ouvrir une crise dont la Chine et l'Espagne se seraient bien passées. En quelques minutes, le périmètre de la chancellerie espagnole est bouclé, des dizaines de policiers encerclent le bâtiment et la circulation est interrompue dans cette rue passante du quartier diplomatique de Sanlitun.
La première réaction chinoise, dans l'après-midi, est sèche: «Ce ne sont pas des réfugiés, et notre position sur ce point est permanente et claire», déclare la porte-parole du ministère des Affaires étrangères. Elle précise toutefois que Pékin négocie le sort des occupants de l'ambassade d'Espagne avec «les parties concernées»,