Mahfoud, 19 ans, n'en revient pas. «"Ils" ont compris que notre peur n'était plus assez forte pour nous empêcher de crier notre révolte, alors ils ont voulu nous terroriser.» Arrêté avec plus de 140 autres, il a été libéré en fin de journée après plusieurs heures au commissariat de Cavaignac à Alger. «Je n'ai jamais vu autant de haine dans le comportement des flics et dans leurs insultes.»
Dès 9 heures, les camions à eau et les CRS déployés, nombreux, aux environs de la place du 1er-Mai, point de départ habituel des manifestations dans la capitale algérienne, montraient que les autorités feraient tout pour empêcher la marche pacifique appelée par le Front des forces socialistes (FFS-opposition) pour «le respect des droits politiques, économiques et sociaux, les libertés et la paix». Aux entrées de la ville, des barrages des forces de l'ordre refoulent tous les véhicules non immatriculés à Alger, bloquant des dizaines de bus transportant des manifestants venus de Kabylie où le FFS est fortement implanté.
«Chasse». Une heure plus tard, quand les responsables de cette formation arrivent place du 1er-Mai, les policiers sont partout, jusque dans les cafés. Secrétaires nationaux, secrétaires fédéraux et de section, députés et sénateurs sont appréhendés. Souvent brutalement. Sérieusement blessé à la tête, l'un d'eux, Khaled Tazaghart, est transporté à l'hôpital. Des voitures de police, parfois banalisées, «enlèvent» littéralement certains d'entre eux qui sont conduits dans différents