Antananarivo de notre correspondant
«Chirac en prison. Ratsiraka aussi...» Du jamais vu ni entendu sur cette place du 13-Mai, avenue de l'Indépendance à Antananarivo, où des Français, devant des centaines de milliers de manifestants, conspuent leur président et, pour faire bonne mesure, celui des Malgaches aussi. Pour généreuse qu'elle ait été, intéressée aussi face à des lendemains incertains, la démarche unique en son genre depuis l'indépendance, en 1960, n'a pas été, en dépit des applaudissements et des vivats, forcément appréciée par les partisans du maire de la capitale, Marc Ravalomanana, engagé dans un bras de fer à rebondissements contre le président sortant, Didier Ratsiraka. Et franchement réprouvée par Paris, qui n'avait pas besoin de «ça» pour se dépêtrer des erreurs à répétition du Quai d'Orsay dans sa gestion de la crise malgache.
Traversée du désert. Depuis le début, il y a, en toile de fond, une incompréhension: «Pourquoi la France s'accroche encore aujourd'hui à Ratsiraka?», vingt ans de pouvoir et un bilan calamiteux, se demandent les Malgaches, surtout dans la capitale. D'autant qu'en 1975 «l'amiral rouge» avait, sous les applaudissements malgaches, tourné le dos à Paris, quitté la zone franc, rompu les accords de coopération, bouté les militaires français hors de Madagascar et nationalisé les entreprises tricolores. Mais depuis son retour au pouvoir, en 1996, après une traversée du désert en exil à Paris propice à un rapprochement avec Jacques Chirac, Ratsi