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Libération

«Sharon n'a réussi qu'à unir dans la haine le peuple palestinien»

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Le retrait des chars israéliens après quatre jours de siège est vécu comme une victoire à Ramallah.
publié le 16 mars 2002 à 22h36

Ramallah envoyé spécial

Les traits tirés, le regard alourdi de fatigue, Anis rentre chez lui d'un pas traînant mais en héros. Dans les étroites venelles du camp de réfugiés, les gosses se bousculent pour toucher son fusil. Les matrones le saluent d'un sourire maternel. Marque d'un profond respect, chefs de clan et patriarches lui offrent l'accolade publique quand les adolescents se poussent du coude sur son passage. Patron de la résistance palestinienne pour le secteur d'Al-Amari, Anis ne saurait se soustraire à ces démonstrations d'estime parfois exubérantes. Pour tous, il trouve une répartie fleurie. A ses lieutenants, et à voix basse, il confie son supplice. «Je ne rêve que d'un bon lit.» Epuisé de bataille, le fedayin s'endort, alors que Ramallah fête sa libération.

Après quatre journées de siège, la ville tout entière considère le retrait des chars israéliens comme une véritable victoire. D'autant que, dans la nuit, les volontaires de la branche armée du Fatah auraient détruit deux blindés de Tsahal. L'armée israélienne a «catégoriquement» démenti cette information, mais dans le camp personne ne doute de cet exploit. Pas un quartier qui ne résonne du crépitement des chargeurs que l'on vide vers le ciel pour exulter sa joie. Les familles, qui jusqu'alors restaient cloîtrées au plus profond de leurs logements, envahissent les avenues pour crier les louanges de Yasser Arafat et la gloire des martyrs de la brigade Al-Aqsa.

Humiliation. Salima, Samir et leurs deux fils arpenten