Bogota correspondance
C'est vers 20 heures 30, samedi, que les deux assassins à moto sont parvenus à quelques mètres du parvis de l'église de Belcazar, un quartier pauvre de Cali. Le premier a tiré une dizaine de fois sur l'archevêque de Cali, Mgr Isaias Duarte, qui venait de célébrer le mariage de cent couples du quartier. «Il a bien reçu six balles», estime le chauffeur du dignitaire. Victime de tueurs «âgés de moins de vingt ans», selon les témoins, le prélat catholique est décédé peu après à l'hôpital. Aussitôt, les premières condamnations sont arrivées de tous les côtés de la classe politique. «Monseigneur Duarte avait toujours condamné les extrêmes de droite comme de gauche», a affirmé Noemie Sanin, une des candidates à l'élection présidentielle du 26 mai prochain, pour laquelle le candidat de droite Alvaro Uribe, partisan de la manière forte, est ultrafavori.
Critiques. L'archevêque était surtout connu pour ses attaques contre la guérilla. En 1999, quand des membres de l'Armée de libération nationale (ELN) enlèvent 150Êfidèles dans une église, Duarte excommunie les guérilleros. L'année d'après, il critique violemment les Forces armées révolutionnaires de Colombie (Farc), guérilla la plus puissante du pays avec 16500Êhom mes, ainsi que le gouvernement incapable de contenir ses attaques et attentats. «Depuis toujours, il accompagnait les gens modestes victimes des groupes armés», raconte Gloria Cuartas, ex-maire d'Apartado, une commune du nord de la Colombie où Duarte a o