Sikasso envoyée spéciale
Une salle de jeux, une télé, deux chambres avec des nattes, une cour pour jouer au ballon et un nomÊsymbolique : «Horon So» (la maison de l'Affranchi). Le centre de transit pour «enfants trafiqués» (victimes de trafic) de Sikasso, noeud routier du sud du Mali, accueille une douzaine de jeunes, arrêtés à la frontière alors qu'ils tentaient de passer en Côte-d'Ivoire. Ainsi ils ont réchappé d'une escapade qui risquait de se terminer en quasi-esclavage. Awa, 17 ans, partait «chercher des habits et des tasses» pour son trousseau et «pour voir, parce que des amies qui y sont allées disent que, là-bas, c'est vraiment joli». Comme elle, Souleimane vient du pays Dogon, zone désertique dans le nord-est du pays. La quinzaine, il était «prêt à faireÊn'importe quoi» pour gagner de l'argent et démarrer un commerce. Lassana, 12 ans, voulait rejoindre sa «mère», une dame qu'il ne connaît pas.Ê«Tous rêvent d'un avenir meilleur», soupire la responsable du centre, Aissatan Tigana, sans nouvelles de ses deux neveux partis il y a cinq ans tenter l'aventure ivoirienne.
Main-d'oeuvre infantile. Moussa et Mimoune en sont revenus. Ils racontent comment, comme des milliers d'autres, ils sont tombés entre les mains des marchands d'enfants qui opèrent entre les deux pays, livrant la main-d'oeuvre infantile venue des campagnes pauvres du Sahel aux planteurs des terres fertiles de Côte-d'Ivoire. Mimoune avait 13 ans à l'époque. Il est resté quatre ans et demi dans une plantation d