Pékin de notre correspondant
Dans un pays officiellement communiste, des protestations d'ouvriers sont embarrassantes autant qu'inquiétantes. La Chine en fait l'expérience depuis plusieurs jours, avec des manifestations massives et à répétition dans deux centres industriels sinistrés du nord-est du pays, Daqing et Liaoyang. Une confrontation sociale sur une échelle alarmante pour Pékin en cette année délicate de ralentissement économique et de transition politique.
Intervention. A Liaoyang, dans la province du Liaoning, plusieurs milliers d'ouvriers licenciés de complexes étatiques manifestent depuis le début de la semaine pour réclamer des arriérés de salaire, la démission du chef du parlement local, et, désormais, la libération de leurs porte-parole détenus par la police. Hier, les forces de l'ordre sont intervenues brutalement pour évacuer les travailleurs qui avaient occupé le siège du gouvernement local, et pour arrêter trois des leaders issus de ce mouvement spontané. Un premier ouvrier licencié, Yao Fuxin, avait été arrêté en début de semaine par des policiers en civil pour être apparu comme l'un des organisateurs de ces manifestations, dont la plus importante, lundi, avait réuni 30 000 personnes.
A Daqing, un centre pétrolier voisin, autrefois cité en exemple par Mao, de nouvelles manifestations de travailleurs licenciés ont dégénéré hier. Près de 10 000 ouvriers s'étaient rassemblés devant un bâtiment de la société d'Etat Pétrochina pour protester contre les conditions