Bangkok de notre correspondant
Pour un homme qui a investi sa fortune dans le marketing politique, il est étrange que le milliardaire Thaksin Shinawatra se retrouve avec un énorme problème d'image un an seulement après avoir été élu triomphalement comme Premier ministre de Thaïlande. La liste des incidents impliquant Thaksin et son gouvernement, ces dernières semaines, évoque la période noire des régimes militaires qu'a connue le royaume dans les années 70.
Des correspondants étrangers ont eu leur visa provisoirement révoqué pour avoir écrit sur les relations entre le Premier ministre et le palais royal. La police a perquisitionné les locaux d'un institut de sondage et emporté une partie des fichiers quelques jours après que cet organisme a publié une enquête révélant une baisse de popularité du gouvernement. Le ministère de la Défense a interdit une série de programmes radio jugés trop critiques à l'encontre du gouvernement. Et pour couronner la série, il a été brusquement révélé, à la mi-mars, que l'agence gouvernementale de lutte contre le blanchiment d'argent avait déclenché une enquête contre une quinzaine de journalistes qui n'ont pas la plume dans leur poche. « Ils nous ont dit : "Nous avons reçu une lettre de quelqu'un vous accusant d'être inhabituellement riches." Du jour au lendemain, nous avons été transformés en extorqueurs de fonds, en membres de triades », s'indigne Thepchai Yong, rédacteur en chef du quotidien The Nation, l'un des journalistes visés par l'enquêt