Kaboul envoyé spécial
Comme pour exorciser une ultime fois la peur que leur inspirait le régime déchu des talibans, les Afghans de Kaboul ont décidé pour le Newrouz (le nouvel an commun à de nombreux peuple d'Asie centrale) de faire un suprême pied de nez au Mollah Omar en détournant les interdits que leur imposaient les fous d'Allah. Des dizaines de milliers de Kaboulis flânaient hier dans les rues de la ville vêtus de leurs plus beaux vêtements, pour célébrer cette fête que les talibans avaient proscrite car « non islamique. » Une foule qu'on n'avait jamais vu si nombreuse est allée pique-niquer, manger des frites et faire des voeux au pied du sanctuaire traditionnel de Tamin Sahib Ansar, en se souvenant que la police religieuse des talibans les chassait autrefois de ce « lieu de superstitions ». Dans le stade de Kaboul, le coup d'envoi des cérémonies officielles a été donné avec le saut en parachute d'une lieutenante-colonelle pash toune, Khatul Mohamedzai, censée atterrir au centre de la pelouse, sur une aire où les talibans coupaient (au couteau, se souvient un occupant des gradins) la tête des condamnés à mort. La jeune femme, qui a atterri dans des ruines à 200 mètres du stade, a malgré tout été applaudie par les 40 000 spectateurs, des hommes à 95 %. Les femmes avaient été reléguées dans une petite tribune. La majorité était venue coiffée d'un simple foulard. « J'ai brûlé mon tchadri (le voile grillagé) voilà deux semaines », annonçait fièrement Anjilah, médecin de 24