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Libération

Les corons chinois entrent en résistance

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Le pouvoir veut briser la révolte de milliers d'ouvriers licenciés.
publié le 23 mars 2002 à 22h41

Liaoyang envoyé spécial

La peur s'est emparée des corons de Liaoyang. Dans cette ville industrielle du nord-est de la Chine, théâtre des plus importantes manifestations ouvrières depuis une décennie, le Parti communiste a décidé de casser la révolte de ceux qui fondaient autrefois l'assise de son pouvoir : les travailleurs du secteur d'Etat, devenus les laissés-pour-compte de la transformation économique chinoise. Dans les ruelles boueuses et défoncées, balayées par un vent glacial venu du nord, les portes des petites maisons ouvrières de Liaoyang Tiejehin, complexe métallurgique en faillite, s'ouvrent difficilement. «On nous accuse de collusion avec la presse étrangère. Nous ne pouvons pas vous recevoir, c'est trop dangereux, partez», dit une femme sans même ouvrir. D'autres familles, plus audacieuses, laissent entrer, mais avec mille précautions, comme celle de parler à voix basse, et la promesse de respecter un anonymat total.

«Des menteurs». Ces ouvriers effrayés venaient d'entendre la télévision locale accuser «une minorité» de vouloir miner «la stabilité sociale» de la ville et de «s'être mis en liaison avec la presse étrangère pour répandre des contre-vérités». Et l'éditorialiste d'appeler les citoyens «à ne pas être manipulés par ces saboteurs» et de rappeler que «la stabilité sociale est la clé du développement». Dans la même émission, des «ouvriers modèles» interviewés dénonçaient «les actes illégaux» de cette «minorité», et des cadres de la ville affirmaient que tou