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Libération

L'après-taliban fait sa rentrée scolaire

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Les élèves afghanes ont retrouvé droit de cité.
publié le 25 mars 2002 à 22h41

Kaboul envoyé spécial

Nilab est une jolie fillette de 13 ans. Elle n'est jamais allée à l'école et la voilà, en ce samedi 23 mars, dans la cour du lycée pour filles Malalai, un foulard sur la tête, un vieux sac à main de sa mère en guise de cartable, trépignant d'excitation devant le spectacle des enseignantes qui font l'appel, en exigeant des élèves sur un ton sentencieux qu'elles remballent les tchadri (voiles grillagés) que leurs aînées portent. «L'heure n'est plus aux burqas, mais aux études !» sermonne une enseignante. Les voiles bleus sont rangés dans des cartables ou pendus aux branches des arbres dans la cour...

«Mes rêves.» Nilab se tient à l'écart, comme figée par ce moment tant attendu. Oubliés les «méchants talibans» qui obligeaient les filles à rester à la maison ­ qu'elle appelle sa «prison» ­, aujourd'hui, elle dit d'une voix étrangement sérieuse qu'elle «sera docteur plus tard». Elle devra rattraper cinq années perdues, comme tant d'autres fillettes, et s'asseoir sur les bancs tout neufs à côté de cadettes âgées de 7 ou 8 ans à peine. Qu'importe. «Mes parents m'ont dit que, désormais, mes rêves pourront se réaliser.» Elle a de la chance, Nilab, d'être inscrite à Malalai, un établissement financé, comme le lycée pour garçons Esteqlal de Kaboul, par des dons recueillis en France et par le Quai d'Orsay. Chacun des deux établissements est dirigé par un binôme de proviseurs, français et afghan. Dans les autres écoles du pays, à Kaboul et ailleurs, la première rentré