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Libération

La Suisse ausculte son passé collabo

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Une commission d'historiens dévoile l'attitude de l'Etat face aux nazis.
publié le 25 mars 2002 à 22h41

Genève de notre correspondant

Cinq ans d'effort, 25 volumes, 10 000 pages, la commission d'experts indépendants (CEI), mandatée par le Parlement helvétique pour faire toute la lumière sur le comportement de la Suisse durant la Deuxième Guerre mondiale, vient d'achever ses travaux. Au terme de ce gigantesque exercice de retour sur le passé, les conclusions des historiens ne surprendront que ceux qui s'accrochent à une vision idéalisée de la Suisse. La CEI a étayé celle des historiens critiques, minoritaire jusqu'ici, soulignant que le pays a manqué à ses responsabilités durant la guerre à l'égard des réfugiés.

«La politique de nos autorités a contribué à la réalisation de l'objectif nazi le plus atroce, l'Holocauste», a affirmé le président de la commission d'historiens, Jean-François Bergier. Le rapport évoque la politique «excessivement et inutilement restrictive» : «Les autorités savaient pourtant le sort réservé aux victimes. Elles savaient qu'une attitude plus flexible et généreuse n'eût pas entraîné de conséquences insupportables, ni pour la souveraineté du pays, ni pour le niveau de vie de ses habitants.» Si les historiens mettent en évidence que la Suisse fut un des rares pays à ouvrir ses portes à nombre de réfugiés, ils relèvent aussi qu'elle fut le seul à appliquer un critère formel de sélection, fondé sur la race selon la définition nationale-socialiste : «En prenant toutes sortes de mesures pour entraver la fuite des réfugiés ou en en livrant certains directement à