Menu
Libération
Interview

Le retour d'une dynamique d'affrontement

Article réservé aux abonnés
L'historien Marc Lazar analyse le contexte italien.
publié le 25 mars 2002 à 22h41

Professeur à Sciences-Po (Paris), Marc Lazar, spécialiste de l'histoire contemporaine italienne (1), répond aux questions de Libération.

Comment jugez-vous la situation en Italie ?

Il y a une double radicalisation. Du côté du gouvernement d'abord, qui sert aussi les intérêts privés de Berlusconi : il veut mettre au pas la magistrature, contrôler ­ même si c'est plus compliqué qu'on le dit ­ la RAI, la télévision publique italienne. Il place ses fidèles aux postes clés de l'Etat en affichant un mépris croissant pour les intellectuels et le monde de la création. Le phénomène est analogue du côté de l'opposition avec toute une partie de la gauche qui n'accepte toujours pas le résultat des élections, hurle au fascisme et diabolise le gouvernement. Cette dynamique d'affrontement se double désormais d'une épreuve de force sur la question sociale. Face au projet gouvernemental d'une modification partielle de l'article 18 du statut des travailleurs (lire ci-contre), les syndicats ont même réussi à se retrouver tous ensemble dans un front du refus pour la première fois depuis vingt ans. Du côté de la CGIL, la principale centrale syndicale transalpine, surtout après le succès de sa manifestation de samedi, il y a en outre peut-être la tentation de se substituer à l'opposition politique de gauche encore sonnée par sa défaite de mai dernier. Mais rien n'est encore gagné pour la CGIL qui a deux grands points faibles : plus de la moitié de ses adhérents sont des retraités et elle est quasim