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Libération

Chine : les métallos tiennent bon

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Licenciés par milliers, ils exigent la libération de leurs porte-parole.
publié le 26 mars 2002 à 22h42

Liaoyang envoyé spécial

Yao Dan est une jeune femme mince et hypermaquillée qu'on imagine plus facilement chantant dans un karaoké qu'en pasionaria révolutionnaire. Pourtant, lundi matin, lorsqu'elle s'est adressée, avec son mégaphone, à la foule des anciens ouvriers d'un complexe métallurgique en faillite afin de lancer une manifestation dans les rues de Liaoyang (nord-est de la Chine), tout le monde l'a suivie sans hésitation. Yao Dan, il est vrai, parle au nom de son père, Yao Fuxin, leader des ouvriers en colère, arrêté au début du mouvement de protestation, il y a une dizaine de jours (Libération du 23 mars).

Masseur de pieds. La jeune femme a réussi à torpiller, hier matin, une initiative de la mairie destinée à calmer les ouvriers : une foire de l'emploi pour tous ces nouveaux chômeurs qui ne peuvent pas retrouver du travail dans cette ville sinistrée par les plans de restructuration des sociétés d'Etat. Elle n'a pas eu de mal : les ouvriers ont été choqués de découvrir qu'à côté de quel ques postes de mécano, on leur proposait de devenir... masseurs de pieds dans des saunas, «c'est-à-dire les bordels de la ville», précise un ouvrier furieux.

Yao Dan a exhorté les ouvriers à reprendre leurs manifestations, interrompues jeudi, pour réclamer la libération de son père et des trois autres porte-parole du mouvement arrêtés par la po lice. Elle a donné les quelques nouvelles qu'a pu lui transmettre son père : les quatre ouvriers ont été transférés dans une autre ville, ils aur