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Libération

L'Afghanistan meurtri enterre ses morts

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Le bilan du séisme qui a ravagé le nord du pays reste incertain.
par Chris OTTON
publié le 28 mars 2002 à 22h43

Dans les ruines de Nahrin, coeur de la zone ravagée par un tremblement de terre au nord de l'Afghanistan, les survivants enterrent leurs morts par centaines. A Hafiz Bachah, à 2 km de Nahrin, au moins la moitié des maisons sont rasées ou très abîmées, l'école n'existe plus, les gravats s'amoncellent partout. Les survivants racontent comment leurs proches se sont retrouvés piégés quand les fragiles maisons de pisé ont brusquement cédé, lundi, sous les premières secousses. «Ils venaient de finir leur dîner, ils buvaient du thé quand c'est arrivé. Ils sont tous morts sur le coup. La maison s'est effondrée, ils n'avaient aucune chance de s'en sortir», raconte Aqa Mohammad qui a perdu cinq membres de sa famille, dont son petit-fils, son fils et sa belle-fille. Cinquante personnes ont été tuées et 300 autres blessées, affirme-t-il. Dès mardi, selon la coutume, le village entier s'est rassemblé pour enterrer ses morts.

Menace des mines. Selon Farhana Faruqi, coordonnatrice régionale de l'ONU, 760 corps ont déjà été enterrés à Nahrin, une ville d'environ 20000 habitants de la province de Baghlan, presque totalement rasée. Aux difficultés d'accès à cette région isolée, à environ 200 km de Kaboul, au pied de l'Hindou Kouch, contrefort occidental de l'Himalaya, s'ajoute la menace des mines, vestiges invisibles des années de guerre entre les talibans et l'Alliance du Nord. «C'est une opération de secours très complexe. Plusieurs secteurs sont inaccessibles car ils sont lourdement minés»,