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Libération

Québec, la grande noirceur en procès

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Huit nouvelles plaintes d'orphelins déclarés fous par l'Eglise et par intérêt.
publié le 28 mars 2002 à 22h44

Montréal de notre correspondante

L'annonce avait pris tout le monde par surprise. Beaucoup n'y croyaient plus. L'accord survenu le 30 juin dernier entre le gouvernement du Québec et le Comité des orphelins et orphelines institutionnalisés de Duplessis (COOID) mettait fin à un demi-siècle d'injustice. Le Premier ministre Bernard Landry acceptait de dédommager les «Orphelins de Duplessis», ces quelque 3 000 enfants abusivement internés dans des institutions québécoises, durant les années 50 et 60. En moyenne, 25 000 dollars (18 000 euros) seraient versés à chacun. Le Québec pouvait enfin tirer un trait sur l'un des plus sombres épisodes de son histoire. «Ce jour-là, raconte pourtant l'un de ces orphelins, j'ai été abandonné pour la deuxième fois de ma vie.»

De 1944 à 1959, le Québec est gouverné par l'ultraconservateur Maurice Duplessis, mais surtout par l'Eglise catholique. Cette période est restée dans les mémoires et dans l'Histoire comme celle de «la grande noirceur» . La province n'est alors qu'une vaste sacristie où, dit-on, il est impossible de jeter une pierre sans casser un vitrail. Imposant sa foi, sa loi, l'Eglise a la mainmise sur la santé et l'éducation. Elle gère aussi les orphelinats qui débordent d'enfants illégitimes que la société se doit de cacher.

Trois millions. Mais ces établissements coûtent cher. Les caisses de l'Eglise sont vides. Sollicité financièrement par les autorités religieuses, Duplessis a alors une idée diabolique. Si les subventions que verse l'