Jérusalem de notre correspondante
C'était la semaine dernière, dans les bureaux d'Ariel Sharon, au bout d'un couloir tapissé de photos immortalisant les plus grands moments de l'Etat d'Israël. La conférence de presse commune du vice-président américain et du Premier ministre israélien semble toucher à sa fin, quand un journaliste de la radio de l'armée interpelle Sharon : «Vous nous dites que vous maîtrisez la situation, mais c'est vous qui avez proposé un cessez-le-feu aux Palestiniens. Cela ne signifie-t-il pas que votre politique, et notamment votre dernière offensive sur les territoires, est un vaste échec ?» Ariel Sharon, qui affichait jusqu'alors un visage fatigué et absent, se redresse de tout son corps et tonne : «Nous n'avons rien perdu du tout ! De la part d'un journaliste de l'armée, j'attends davantage de patriotisme et de solidarité avec la politique de son pays !...»
Sentiment d'échec. Les coups de gueule d'Ariel Sharon n'y peuvent plus grand-chose. Après un an et demi d'Intifada et un interminable hiver ponctué d'attaques terroristes quasi hebdomadaires, les Israéliens semblent douter de plus en plus d'eux-mêmes, de leurs dirigeants et de la capacité de ces derniers à remporter le douloureux bras de fer qui les oppose aux Palestiniens. Beaucoup n'hésitent plus à afficher un terrible sentiment d'échec. «Je viens de partir un mois à l'étranger, c'est comme si je m'étais absentée un siècle, je ne reconnais quasiment plus mon pays, raconte une femme de Tel-Aviv. Mes