Chegutu envoyé spécial
Dodhill Farm est une «petite» exploitation : 978 hectares seulement ! Un «petit» cottage aux rideaux en dentelle, une «petite» piscine entourée d'un gazon impeccable et un nuage de lait dans l'afternoon tea. La vie y est douce, mais sans luxe ostentatoire, comme il n'est pas rare chez les fermiers blancs du Zimbabwe : pas de hors-bord sur le lac artificiel; d'ailleurs, il n'y a pas de lac ; pas de 4 x 4 dernier cri... Dodhill Farm, dans la région de Chegutu, à 100 km au sud-ouest de Harare, est un «anachronisme» qui ne devrait pas durer longtemps à l'allure où vont les choses au Zimbabwe, agité depuis deux ans par une campagne anti-Blancs.
Les propriétaires, Bruce et Patsi Keevil, sont des «Rhodies» de souche, descendants des colons de l'ex-Rhodésie britannique. «Cela fait cinq générations que nous sommes installés au Zimbabwe.» Ils ont largement dépassé l'âge de la retraite, mais un fermier, «ça ne s'arrête pas». A Dodhill Farm, on cultive des oranges, du paprika et surtout du tabac, principale recette d'exportation du pays. «Un peu de maïs aussi pour les ouvriers.» En plus de Trevor Lowein, un ingénieur agricole anglais, Bruce Keevil emploie 55 ouvriers locaux, payés 13 euros par mois. «Ce n'est pas assez, mais je ne peux pas faire mieux. Avec la sécheresse de cette année et l'inflation, je n'ai plus de quoi les nourrir au-delà de mi-avril...»
Bruce et Patsi vivent dans un pays qui n'existe plus et où ils sont nés il y a plus de soixante-cinq ans : «Les