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Libération

A Ghazni, splendeurs et misères des prétendants au pouvoir

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Dans cette province afghane, trois clans s'affrontent, verbalement pour l'instant.
publié le 1er avril 2002 à 22h53

Ghazni envoyé spécial

Au palais du gouverneur de Ghazni, les batailles pour le pouvoir se jouent entre le tintement des tasses de thé sucré et le cliquetis de culasses de la soldatesque qui traîne la savate sous le porche. Dans les salles et les coursives de cet endroit sans faste, trois pouvoirs se disputent l'autorité sur l'une des provinces les plus pauvres du pays.

Le premier, Qari Baba, siège à l'étage sur un fauteuil épais, installé derrière son bureau de fonctionnaire soviétique. Le vieux moudjahid ventripotent arbore un petit turban coiffant un visage joufflu. Il le dit, l'affirme, le certifie : c'est lui le gouverneur. Dans la réalité, pourtant, Qari Baba n'a pas été désigné par le président du gouvernement transitoire afghan Hamid Karzaï, qui le désavoue. Ce qui n'empêche pas l'imposteur de faire courir le bruit que sa nomination est officielle. Depuis trois mois maintenant, il agit comme si tous les pouvoirs étaient entre ses mains, distribuant des postes à ses alliés, qui sont invariablement déboutés par Kaboul. De son côté, le gouvernement central nomme des fonctionnaires à l'éducation, à la santé, à la police de la province... que Qari Baba éconduit tout aussi immanquablement lorsqu'ils arrivent pour prendre leurs postes. Réticent à utiliser la force, Kaboul refuse, en représailles, d'accorder le moindre budget à Ghazni tant que le bras de fer s'éternisera. A l'étage en dessous, dans cette même enceinte palatine, se tient une choura (congrégation de notables) de