Le Caire de notre correspondante
«Moubarak, salaud, tu donnes des ordres pour frapper ton peuple et tu protèges l'agresseur israélien !» Fou de rage, Mohamed ramasse une pierre et la jette sur la colonne de policiers devant l'université du Caire. «Elle est où l'armée arabe ? Les Palestiniens sont seuls», hurlent ses camarades en enfonçant les barrières de sécurité. Dans une explosion de violence sans précédent, plus de 20 000 personnes ont laissé éclater leur colère, faisant planer sur la capitale égyptienne un parfum d'Intifada. Interdites en Egypte, les manifestations sont tolérées dans l'enceinte des universités. Ces derniers jours, elles se sont multipliées. Mais, hier, Le Caire a basculé.
Emportée par sa fureur, la foule a réussi à s'engouffrer dans l'avenue qui sépare l'université de l'ambassade israélienne. Quelques centaines de mètres stratégiques sous contrôle permanent de la police, qui, pour la première fois, s'est laissé déborder. «Je n'ai jamais vu ça, constatait, effaré, un journaliste égyptien. Ils ont réussi à aller au pied de l'ambassade !» Une «victoire» éphémère pour les manifestants, qui se sont aussitôt repliés, sous les coups de matraques et les gaz lacrymogènes, tandis que des blindés fonçaient sans retenue sur la foule.
Expulsion. La manifestation avait débuté calmement en fin de matinée. Une cinquantaine d'intellectuels arabes, emmenés par l'écrivain Gamal al-Ghitani, s'étaient rassemblés devant l'université pour demander l'expulsion de l'ambassadeur d'