Le 2 avril 1982, il y a tout juste vingt ans, l'Argentine envahissait les îles Malouines déclenchant une guerre avec le Royaume-Uni. Au terme de dix semaines d'un conflit qui fit un millier de morts, les troupes britanniques reprenaient le contrôle des Falklands, le 14 juin. L'historien Henri Masse a consacré sa thèse à la guerre des Malouines. Pour Libération, il revient sur le rôle de la France dans ce conflit. Haut fonctionnaire, Henri Masse s'exprime ici à titre personnel.
Comment s'est manifesté le soutien de la France à la Grande-Bretagne ?
Dès le 3 avril, au lendemain de l'invasion argentine, le président François Mitterrand a téléphoné à Margaret Thatcher (Première ministre depuis 1979, ndlr) pour l'assurer du soutien de la France. Une position qui n'était pas partagée par toute la gauche, même si la junte au pouvoir en Argentine était discréditée par ses atteintes aux droits de l'homme. Le ministre des Relations extérieures, Claude Cheysson, était ainsi plus sensible à une vision tiers-mondiste qui voyait dans l'action de l'Argentine une guerre de libération nationale contre l'impérialisme britannique. Mitterrand a immédiatement fait jouer la solidarité européenne et atlantique.
Pourquoi ?
L'une des raisons est que nous étions alors en pleine guerre froide. Pour Mitterrand, il était inacceptable de voir le dispositif militaire britannique pris en défaut par les Argentins, alors qu'il était un élément essentiel de l'Alliance atlantique face à l'URSS. Si les Argentins éta