Chisinau envoyée spéciale
Au pays de la transition manquée, le village de Hansk est revenu à l'économie naturelle. Toujours sans eau courante ni route asphaltée, les 1 050 habitants de ce village moldave, à 30 kilomètres à peine de la capitale, Chisinau, font vite le compte des acquis de dix années d'indépendance : le téléphone est entré dans leur vie. Coincé entre l'Ukraine et la Roumanie, cette ex-République soviétique en majorité roumanophone est aujourd'hui le pays le plus pauvre d'Europe, avec un revenu par tête inférieur de moitié à celui de l'Albanie.
Réseaux mafieux. La privatisation des terres a été un échec. Dédaigné pendant cinquante ans, le cheval a repris sa place de plus noble conquête de l'homme dans les champs, mais un hectare de terre ne suffit plus à nourrir son homme. Un Moldave sur six a quitté son pays au cours des dix dernières années pour tenter sa chance à l'étranger. Le mari de Valentina Vostanik fait de petits voyages : trois mois en République tchèque, trois autres en Russie, sans jamais rencontrer dame Fortune. Il n'a ainsi ramené que 50 dollars de son dernier séjour, ce qui est peu et beaucoup dans un pays où le salaire moyen ne dépasse pas 45 dollars. Alors, avec la force de ses 38 ans, Valentina laboure, aidée de ses quatre enfants, dont deux en âge scolaire : «La seule production que je vends est mon vin, afin de payer l'électricité.»
Les jeunes filles du hameau rêvent de la ville, si proche avec ses trois liaisons quotidiennes par car, et si loi