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Libération

En Chine, la mafia gangrène le Parti

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A Liaoyang, la dérive mafieuse du pouvoir local aggrave la tension sociale.
publié le 3 avril 2002 à 22h55

Liaoyang envoyé spécial

Appelons-le «M. Wang», qui, pour des raisons évidentes, réclame l'anonymat. Il parle devant un plat de raviolis chinois dans une pièce fermée d'une modeste gargote de Liaoyang, ville industrielle du nord-est de la Chine en proie à une vive agitation sociale depuis des semaines (lire Libération du 24 mars et du 27 mars). Une ville qui, selon son témoignage et les accusations des manifestants, évoque plus le Chicago des années 20 qu'une Chine en route vers la modernité. M. Wang est aujourd'hui sans le sou, mais cela n'a pas toujours été le cas. Au milieu des années 90, raconte-t-il, il pouvait gagner jusqu'à 150 000 yuans (environ 20 000 euros) en une nuit dans l'une des salles de jeu clandestines de la ville, était entouré de filles et menait la grande vie. C'était un petit caïd au service d'un vrai «parrain». «J'étais sur la voie noire», dit-il sans réel repentir mais plutôt nostalgique de temps plus glorieux.

Coupe réglée. Puis la guerre des gangs est arrivée à Liaoyang, et le groupe mafieux auquel il appartenait a perdu la partie. En face, un autre «parrain», répondant au nom d'emprunt de Si Mao Zi ­ nom que M. Wang ne prononce qu'en baissant la voix ­, s'est allié, selon lui, aux dirigeants locaux du Parti communiste chinois pour mettre la ville en coupe réglée. La lutte a été tellement brutale que le chef de M. Wang a dû se réfugier dans le sud de la Chine. Quant à lui, il s'est retrouvé à la rue, heureux d'être toujours en vie. «Si on s'oppose à lu