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Libération

Le colonel de «l'apocalypse»

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publié le 3 avril 2002 à 22h55

Arusha envoyé spécial

Arusha, au nord de la Tanzanie, 1993. La scène se passe un an avant le génocide. Le gouvernement rwandais, dirigé par une majorité hutue, négocie des accords de paix pour un partage du pouvoir avec la rébellion armée tutsie du Front patriotique rwandais (FPR) installée dans le nord du pays. Théoneste Bagosora, alors directeur de cabinet au ministère rwandais de la Défense, claque la porte des pourparlers. Un négociateur du FPR raconte: «On est monté tous les deux dans la même voiture et Bagosora m'a lancé : "Je rentre au Rwanda pour préparer l'apocalypse."»

«Non coupable». Ironiquement, c'est dans une prison d'Arusha, devenue depuis le siège du Tribunal pénal international pour le Rwanda (TPIR), que le colonel Théoneste Bagosora, 60 ans, vient de passer les six dernières années de sa vie. Arrêté en mars 1996 au Cameroun, il est transféré en début d'année suivante au centre de détention de l'ONU. Le 20 février 1997, il fait sa première apparition devant le TPIR. Le colonel Bagosora déclare être non coupable des chefs d'accusation portés contre lui (lire ci-contre).

Des photos, prises avant 1994, montrent un homme à la forte carrure, souriant derrière d'épaisses lunettes. A l'âge de 23 ans, il sort de l'Ecole des officiers de Kigali, avec le grade de sous-lieutenant. «Il a faim de pouvoir», disent de jeunes officiers qui l'ont côtoyé à l'époque. Bagosora occupe plusieurs fonctions de commandement avant de prendre la direction du cabinet du ministère de la Dé