Bien loin des discours enfiévrés qu'il tenait en 1975 à la faculté de droit de Lisbonne comme figure du petit parti maoïste MRPP, José Manuel Durão Barroso prendra, samedi, la tête d'un gouvernement qui marque le retour de la droite au Portugal après six années de socialisme. Vainqueur des législatives du 17 mars dernier, le leader du Parti social-démocrate (PSD, centre droit) est allé présenter hier au président de la République, Jorge Sampaio, l'équipe de coalition qu'il s'est résolu à former avec le petit parti populiste et nationaliste CDS/PP.
Indécision. Ayant vite jeté aux orties son militantisme d'extrême gauche dans les trois années suivant la révolution des OEillets, Durão Barroso, 46 ans, «ne part pas avec un capital de confiance énorme», note un diplomate à Lisbonne. Son indécision et son absence de charisme ont pesé sur l'incapacité de son parti à capitaliser son succès aux municipales de décembre. Après avoir raflé aux socialistes les mairies de Lisbonne, Porto et Coimbra, le PSD a raté de onze sièges la majorité absolue. Et Durão Barroso, devenu leader du PSD en 1999 sur le thème du refus de tout accord électoral avec le Parti populaire, a été contraint à un virage à 180° : une alliance avec celui que beaucoup considèrent toujours au PSD comme «l'ennemi numéro 1», en partie responsable de la chute du Premier ministre, Anibal Cavaco Silva, en 1995. L'imprévisible jeune leader du PP, l'ancien journaliste Paulo Portas, gratifié du titre de ministre d'Etat et de la