Moscou de notre correspondante
La percée en force des libéraux, bien que sans majorité claire, aux législatives ukrainiennes marque le net déclin du président Leonid Koutchma, un homme qui personnifie depuis huit ans une politique d'équilibrisme entre l'Occident et la Russie. Miné par les scandales, l'homme, aujourd'hui âgé de 63 ans et que l'on dit malade, conservait en parole ses distances vis-à-vis de Moscou tout en se rapprochant dans les faits de ce seul allié prêt à défendre son régime. C'est cette politique qu'ont sanctionnée, diman che, les électeurs de cette ex- république soviétique de 49,5 millions d'habitants. Son mandat ne s'achève qu'en 2004 mais l'homme fort de Kiev est d'ores et déjà le grand perdant du scrutin, où son parti n'arrive qu'en deuxième position.
«Equidistance.» Ancien directeur d'une des plus grandes usines d'armement d'Union soviétique, Leonid Koutchma a été élu la première fois en 1994 alors que l'Ukraine, dirigée par un ex-apparatchik converti au nationalisme, se trouvait en pleine crise avec une économie rongée par l'hyperinflation. Au sud, la Crimée russophone menaçait de faire sécession. Promoteur d'une «équidistance» entre la Russie et l'Occident, le nouveau chef de l'Etat alignait rapidement une série de succès. Au grand soulagement de Moscou et Washington, le pays acceptait de se débarrasser de son arsenal nucléaire, hérité de l'URSS. Et Kiev acceptait un compromis sur la question du difficile partage de la Flotte de la mer Noire, en échan