Londres de notre correspondant
Ils ont beau savoir que cinq heures de queue les attendent, ils piétinent le long de la Tamise sans montrer de signe d'impatience. A la veille des obsèques, ils sont encore des milliers à vouloir défiler devant le catafalque dressé au milieu de Westminster Hall. Armée de sandwiches et de lecture, prête à affronter la froideur du soir, la file silencieuse s'étire sur trois kilomètres de part et d'autre du fleuve.
Le Daily Telegraph, le journal conservateur, sous le bras, George Burne, un retraité du Surrey, est venu présenter ses «respects à la dame», mais surtout montrer son soutien à la monarchie: «Certains prétendent que la Grande-Bretagne, incarnée par la reine mère, n'existe plus. Quand je vois tous ces gens, je sais que c'est faux. Le coeur solide de notre nation est ici !», proclame-t-il. Autour de lui se trouve un échantillon de la «Middle England», une Angleterre moyenne, familiale ou retraitée. Une génération antérieure ou née avec la guerre, marquée par le souvenir du blitz. Peu de jeunes à part quelques enfants. Les minorités ethniques sont presque absentes. Ougandaise, Jocelyn Asiimwe déclare qu'elle est d'autant plus «attachée à la famille royale» que sa mère porte dans son pays le titre de princesse. «Chez nous, nous avons aussi des royaumes, mais ils ne sont pas aussi solides qu'en Grande-Bretagne.»
Passion des courses. Chacun conserve un souvenir personnel de la disparue. Il y a quelques années, George Burne lui avait offert un cof