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Libération

Black-out sur le sida au Kenya

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Le pays veut produire des médicaments génériques, alors que les malades ignorent souvent leur séropositivité.
publié le 12 avril 2002 à 23h00

Nairobi correspondance

Au début de l'année, le ministre kenyan de la Santé, Sam Ongeri, annonçait son projet d'importer le plus tôt possible des médicaments antirétroviraux génériques. Selon lui, le Kenya n'avait tout simplement pas les moyens d'acheter aux prix fixés par les multinationales pharmaceutiques. «Ça coûterait 12 milliards de shillings (environ 1,2 milliard de francs, ndlr) pour soigner les seuls malades du sida, déclarait-il, alors que le budget global du ministère de la Santé est de 9 milliards de shillings (900 millions de francs). On doit chercher des solutions moins coûteuses.»

En juin, l'Assemblée nationale votait une nouvelle loi sur la propriété industrielle permettant au Kenya d'ignorer les brevets internationaux et, en particulier, d'importer et de fabriquer localement des traitements génériques à bas prix. Le vieux président Daniel Arap Moi paraphait le texte en demandant aux jeunes de s'abstenir de toute relation sexuelle pendant une période de deux ans pour éviter la propagation du virus VIH. Urgence affichée dans les discours, mais, six mois plus tard, la loi n'est toujours pas entrée en application. Selon les estimations, quelque 80 000 séropositifs sont, depuis, décédés.

Corruption rampante. Dans les couloirs bondés du Kenyatta Hospital, le plus grand établissement public de Nairobi, les médecins perdent patience. «C'est évident que la corruption rampante frappe là aussi, affirme un jeune docteur sous couvert d'anonymat. Les officiels des ministères