Cher Elie Barnavi,
Nous vous lisons ce jeudi matin à Strasbourg dans les Dernières Nouvelles d'Alsace : «Par les temps qui courent, nos vrais amis se font de plus en plus rares.» «On atteint à présent le sommet de la campagne faite contre nous.» Si la première personne du pluriel recouvrait votre Premier ministre, votre réaction n'appellerait pas de réponse. La suite de votre déclaration atteste, hélas, du contraire. Vous dénoncez «une vaste entreprise de délégitimation de l'Etat d'Israël».
Nous ne pouvons laisser passer une telle assertion, parce qu'elle est totalement contraire à nos intentions, ce point est indiscutable. Parce qu'en contestant la politique de Sharon, en tentant de faire pression pour qu'il la modifie, en demandant une force d'interposition, comme l'a suggéré, le premier, Lionel Jospin, nous pensons contribuer à l'amélioration du sort d'Israël et ce point relève du débat politique légitime. L'ambassadeur que vous êtes doit en disconvenir. L'intellectuel que nous connaissons ne peut que, à tout le moins, s'interroger. Cela ne vous ressemble pas, ni à nous, de mesurer l'amitié à l'aune de la complaisance.
Nous sommes des amis aussi constants qu'indéfectibles du peuple d'Israël et vous le savez. Convenons alors que vos mots ont dépassé votre pensée.
Reste le deuxième point : la résolution du Parlement européen dessert-elle Israël (1) ? Nous pensons tout le contraire parce que nous constatons que c'est la politique de Sharon qui aujourd'hui aggrave le cycle de v