Vienne de notre correspondant
C'était la première fois depuis plus de dix ans qu'ils se montraient en public. Samedi après-midi, les néonazis autrichiens avaient appelé à un grand rassemblement au centre de la capitale, sur la Heldenplatz, cette place des Héros où 300000 Viennois étaient venus acclamer Adolf Hitler, leur nouveau Führer, en 1938. Le résultat fut plutôt miteux. Cent vingt jeunes au maximum ont répondu à l'appel du groupuscule Kamaradschaft Germania, afin de dénoncer «le scandale» que représente l'exposition «Les crimes de la Wehrmacht», inaugurée quelques jours plus tôt dans une annexe de l'Académie des Beaux-Arts de Vienne.
Mythe. Version corrigée d'une première exposition qui avait elle-même suscité de très vifs débats entre 1995 et 1999, cette seconde mouture explique de façon très documentée en quoi le comportement des soldats de l'armée du Reich assassinats de prisonniers bolcheviques, aide à la déportation de juifs se plaçait souvent au-delà des règles de la guerre admises internationalement. Elle brise ainsi un des derniers mythes chers aux Allemands et aux Autrichiens, qui aimeraient bien continuer à croire que seuls les SS étaient des criminels, alors que le simple enrôlé de la Wehrmacht n'aurait fait que son devoir de soldat.
«Nous ne laisserons pas salir la mémoire de nos pères et de nos grands-pères, qui, grâce à leur courage et leur héroïsme, ont fait de nous ce que nous sommes!», a scandé d'une voix sèche et martiale le leader des manifestants,