Quatre jours après l'explosion d'un camion devant la synagogue de la Ghriba à Djerba, le chef de l'Etat tunisien Zine ben Ali a visiblement compris qu'il ne pourrait plus s'en tenir longtemps à la thèse de «l'accident». Selon nos informations, la Tunisie a informé les gouvernements allemand et français, notamment, qu'il pourrait s'agir d'un attentat, ce qu'elle s'était évertuée à nier depuis l'explosion de jeudi. Signe qui ne trompe pas : la sécurité a été renforcée dans la nuit de dimanche à lundi aux abords de la synagogue désaffectée depuis des années de La Marsa, à une vingtaine de kilomètres de la capitale.
Critiques allemandes. Les pressions de l'Allemagne en faveur d'une enquête digne de ce nom 10 de ses ressortissants sont décédés et 5 entre la vie et la mort n'ont guère laissé le choix à Ben Ali. Le gouvernement allemand, qui avait déjà mis en doute la thèse de l'accident, a clairement critiqué, hier, l'attitude de Tunis. «Etait-il vraiment judicieux de commencer immédiatement les travaux de réparation (de la synagogue)?», a demandé le ministre de l'Intérieur Otto Schily en répétant : «Nous savons des choses qui renforcent cette conviction» (de l'attentat). Et de préciser : «Les enquêtes avancent vite.»
Il devenait dès lors difficile à Ben Ali de s'enfoncer dans le déni et dans une version invraisemblable démentie par tous les témoins (Libération des 14 et 15 avril). A savoir que le chauffeur du camion avait perdu le contrôle du véhicule qui s'est écrasé sur l