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Libération

Etats-Unis: la pédophilie virtuelle n'est plus un crime

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La loi de 1996 a été jugée susceptible de brider l'art.
publié le 18 avril 2002 à 23h04

Washington de notre correspondant

Tuer quelqu'un, dans un jeu vidéo par exemple, n'est ni un crime ni un délit : c'est un simple divertissement. Mais abuser sexuellement d'un enfant virtuel ? La question avait été débattue aux Etats-Unis il y a une dizaine d'années. Une loi, le Child Pornography Prevention Act (CPPA) de 1996, avait fini par interdire et punir de peines de prison ce genre d'images de synthèse, consi dérant qu'elles ne pouvaient que banaliser et alimenter la pédophilie.

Saisie sur le sujet, la Cour suprême a jugé mardi cette loi inconstitutionnelle, car contraire à la liberté d'expression. Selon six des neuf sages de la Cour, la rédaction de la loi est trop large et répressive. Ils estiment que la production de scènes sexuelles qui n'ont pas existé dans la réalité ne fait aucune victime et peut parfois répondre à des motivations artistiques légitimes. Les trois juges les plus conservateurs, William Rehnquist, Clarence Thomas et Antonin Scalia, se sont désolidarisés de leurs collègues.

«Abomination». La décision de la Cour suprême n'a pas manqué de raviver la polémique. Les défenseurs des libertés publiques l'ont applaudie : «La Cour a estimé qu'au lieu de punir l'abus sexuel des enfants, un objectif que personne ne conteste, cette loi punit l'expression des idées de façon inadmissible», commente ainsi Ann Brick, une juriste de l'Aclu (American Civil Liberties Union). Mais les organisations familiales se sont offusquées. «Que la Cour suprême des Etats-Unis puisse